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Un témoignage par l’image pour notre tempsÉliane Jeannin-Garreau, pour témoigner, a commencé par écrire en 1989 un livre Ombre parmi les Ombres, chronique d’une résistance, ouvrage qui recevra le prix d’Histoire générale de l’Académie française le 18 juin 1992. Pour toucher plus directement les jeunes dont elle comprenait bien les réticences face à l’écrit, Éliane Jeannin-Garreau décida de publier à compte d’auteur les images qui hantaient sa mémoire. Ainsi naquit, en 1994, Les Cris de la Mémoire, un recueil de quarante-deux dessins au fusain, préfacés par Geneviève de Gaulle Anthonioz, qui fit partie, comme Éliane, du « convoi des 27000 » : « Chacun de tes dessins, Éliane, nous enfonce un peu plus dans cette expérience de la vie concentrationnaire. Ce que la parole n’arrive pas à exprimer, quelques traits le suggèrent. » L’ouvrage fut vite épuisé. Souvent photocopiés, les dessins des Cris de la Mémoire servirent de support pour des travaux scolaires, des expositions, ou pour le Concours de la Résistance. Ils furent à l’origine d’échanges de correspondance entre Éliane Jeannin-Garreau et des élèves qui voulaient en savoir plus et qu’elle aida à bien déchiffrer ce que les images représentaient. Pour répondre aux sollicitations et en pensant tout particulièrement à ses petits enfants, Éliane Jeannin Garreau permit à son gendre de réaliser une cassette vidéo dont elle confiait la copie aux enseignants de son entourage. Ce qui touche dans ce témoignage, c’est sa force mais aussi sa sobriété ; il évite les écueils de la fascination et du désespoir si fréquents face à de telles épreuves. « Veilleurs de nuit, nous ne cessons non plus de guetter les lueurs de l’espérance. Si nous avons connu le pire de l’humanité, nous avons aussi rencontré le plus noble, le plus grand. Nos « cris » ne sont pas ceux de la haine, de la vengeance, mais, à condition que l’on n’oublie rien, un appel pour un monde plus juste et plus fraternel. » (Geneviève de Gaulle Anthonioz, Les Cris de la Mémoire, préface) |